Le Corps enseignant

 

 

 

 

 Émile Baas

 

Émile Baas (1906-1984) est un professeur de philosophie et essayiste français, né à Guebwiller et mort à Strasbourg. 

Etudiant en philosophie à la Faculté des Lettres de Strasbourg, il obtient sa licence en 1928. En 1929, il est professeur de philosophie à Sélestat. Après son succès l’agrégation de philosophie en 1937, il est nommé au lycée de Thionville puis en 1938 au Lycée Kléber

Il est responsable de la « Paroisse universitaire de Strasbourg » une association d'enseignants catholiques de l’école publique qui défend les valeurs de laïcité et organise chaque année au mont Sainte-Odile des débats et des conférences lors de « Carrefours » d'une semaine. 

En 1939, il est mobilisé et affecté au 223ème régiment d’infanterie à Epinal où il combat et est fait prisonnier. Libéré en juillet 1940 en tant qu'Alsacien « de souche allemande », il décide de rester en Alsace annexée. Mais refusant en 1940 de prêter le serment de fidélité au Führer exigé dans la fonction publique dans l’Alsace nazifiée, il doit quitter l'Alsace. Il obtient un poste au Lycée Ferdinand Foch de Rodez. Il y enseigna la philosophie, mais il y fut aussi chargé en 1942, comme maître principal, de la nouvelle matière créée par Vichy, l’éducation générale et sportive. Pour le Secrétariat général à la Jeunesse de Vichy, il rédigea plusieurs notes d’information, notamment sur la politique national-socialiste de la jeunesse et sur le régionalisme. Après novembre 1942 il fut le rédacteur principal d’un rapport qui envisageait la réorganisation des mouvements de jeunesse dans une Alsace libérée par un régime différent de celui de Vichy. 

A Rodez, il s'investit aussi dans la vie associative. Très sensible au sort des réfugiés alsaciens et mosellans, il travaille avec Pierre Stahl, responsable du bureau des jeunes réfugiés. Il recrée les « Carrefours », de 1941 à 1943 à la « Maison des Tilleuls » à Huos-de- Montréjeau (Hautes-Pyrénées), qui prennent alors le nom de « Carrefours des Tilleuls » et qui sont des lieux d'échanges pour les jeunes réfugiés alsaciens et lorrains, catholiques, normaliennes et normaliens, étudiantes et étudiants, réfugiés, expulsés et évadés. Ils apprennent la situation de leur région et ce qu'est l'idéologie nazie. Emile Baas est l'intervenant principal, il a joué un rôle important dans la formation intellectuelle et la motivation des résistants alsaciens-mosellans. Mais en 1943, il se sent menacé et change d'identité pour devenir Jean Maurois. La même année il cache Robert Schuman, député de la Moselle, évadé d'Allemagne et recherché par la Gestapo. Il tente de s'engager dans la Brigade indépendante d’Alsace-Lorraine (BIAL) au sein de l'unité de Diener-Ancel mais ce dernier pense qu'il sera plus utile au redressement de l'Alsace à sa libération. D'octobre à décembre 1943, il participe activement à la rédaction des numéros 20 à 23 des « Cahiers du Témoignage chrétien : Alsace Lorraine, Terres françaises ». Il est aussi un des créateurs et éditorialistes du journal catholique « Le Rouergat » qui insiste sur le devoir de résistance. Il s’employa très tôt à préparer le retour de la France dans une Alsace libérée. Il participa le 27 août 1944 à Toulouse à la réunion des chefs de la « Résistance alsacienne » du Sud-Ouest qui décida de confier à André Malraux (colonel Berger) le commandement de la future « Brigade Alsace-Lorraine » qui devait se joindre à la 1ère Armée.   

Le 30 novembre 1944, Emile Baas est chargé de mission auprès du recteur de l’académie de Strasbourg, le démocrate-chrétien Marcel Prélot. Il travaille avec Paul Imbs sur le rétablissement des programmes français dans l’enseignement secondaire de l’Alsace et de la Moselle libérées. A la fin décembre, il remet au recteur et au ministère son rapport sur les principes de réorganisation de l’enseignement secondaire dans l’Académie de Strasbourg. 

Emile Baas rentre à Strasbourg le 17 décembre 1944 où en plus de sa mission il fait fonction de proviseur du proviseur du Lycée Kléber avant de redevenir professeur de philosophie, en classe préparatoire à l’école de Saint-Cyr, toujours au lycée Kléber et ce jusqu’en 1971. 

En décembre 1945, il publie « Situation de l'Alsace ». Le 20 janvier 1945, il participe à la création de l'association « Jeune Alsace » qui a pour buts la création d'un service d'entraide, l'aide aux jeunes pour leurs besoins immédiats et la réadaptation des jeunes Alsaciens à un style de vie français.  

 Membre du bureau du Groupement des Intellectuels chrétiens sociaux fondé au FEC (Foyer des étudiants catholiques) le 14 décembre 1944, il fut considéré longtemps comme un des « théoriciens » de la fédération bas-rhinoise du MRP, sans y avoir jamais adhéré. Il faisait partie du conseil d’administration du Nouvel Alsacien, son quotidien alsacien, auquel il donna de nombreux articles. Il reprit ses fonctions d’animateur de la « Paroisse Universitaire » d’Alsace et de Moselle. Président du Secrétariat social d’Alsace, il participa souvent aux Semaines Sociales de France. Il adhère au Comité strasbourgeois pour la Paix en Algérie avec quelques membres du MRP, mais en démissionna en mars 1956 en raison de l’influence jugée trop massive des communistes dans ce comité. 

Une rue de Strasbourg, dans le quartier du Neuhof, porte son nom. 

Ses ouvrages : 

Réflexions sur le régionalisme, les Éditions Scouts de France, La Hutte, Lyon, 1945, 96 p. 

Introduction critique au marxisme : perspectives marxistes, perspectives chrétiennes, Alsatia, Colmar, 1953 (réédition, entièrement remaniée, de l'opuscule : L'Humanisme marxiste, du même auteur, 1947), 158 p. 

Situation de l'Alsace, Alsatia, Colmar, 1973 (texte de 1945 augmenté d'une postface par l'auteur), 208 p. Au Kleberium : A 323.1 BAA

 

 

 

 

 Jacques Godechot

 

Jacques Godechot (1907-1989) est un historien français, spécialiste de la Révolution française. Né à Lunéville en 1907, dans cette Lorraine demeurée française après la guerre de 1870. Jacques Godechot est issu d’une famille de commerçants juifs. Passionné par la Révolution française, dont le souvenir reste vif dans sa famille il commence ses études à Nancy, et les finit à Paris où il est reçu, en 1928, à l’agrégation d’histoire. À Paris, il commence sa thèse de doctorat : Les Commissaires aux armées sous le Directoire. Sans faire partie de l’école des Annales, il est néanmoins influencé par Lucien Febvre et Marc Bloch qu’il rencontre à Strasbourg. En effet, au sortir de l'agrégation, il débute dans l'enseignement secondaire à Strasbourg. Professeur d’histoire-géographie au Lycée Kléber, il y prononça le discours d’usage lors de la Remise solennelle des Prix aux élèves du lycée le 13 juillet 1934, intitulé « Les aérostiers à Strasbourg et à l’Armée du Rhin pendant la Révolution ». Il est ensuite affecté à l'École navale pour y enseigner l'histoire. Mais les circonstances interrompent brutalement sa carrière : ses origines juives lui valent d'être révoqué par l’administration de Vichy.

En 1945, il est nommé professeur à la faculté des lettres de Toulouse. Il y fait toute sa carrière. Il fut un grand professeur, forma des générations d'étudiants qui enseigneront à leur tour, suscita quantité d'études sur l'histoire de la région. La tourmente de 1968 le trouve à la tête de la faculté. Jacques Godechot fut de ceux qui ne désertèrent pas leur poste et qui surent, à égale distance de la nostalgie pour l'ancienne université et de l'idolâtrie du changement, prendre leurs responsabilités dans les nouvelles structures, il dirige l'U.E.R. d'histoire dans l'université de Toulouse-Le Mirail jusqu'à sa retraite.

Son intérêt pour la Révolution ne se dément point : il s'impose comme un des historiens incontestés de la période. Une vingtaine d’ouvrages sont principalement consacrés à l'histoire de la Révolution. Sa contribution la plus originale est certainement d'avoir replacé la Révolution dans la perspective de son temps en introduisant la notion élaborée par les historiens américains d'une révolution atlantique : l’événement français serait un épisode d'un vaste mouvement intéressant les deux rives de l'océan, une onde de choc qui aurait pris son origine aux États-Unis serait venue frapper l'Ancien Monde.

Même si, trente ans après,  cette interprétation a été plutôt contestée, elle a eu l'avantage d'ouvrir un champ à l'étude comparée des mouvements révolutionnaires. Jacques Godechot se faisait lui-même, quelques années plus tard, l'historien du rayonnement de la Révolution française par toute l'Europe et de sa propagation dans La Grande Nation (1956), un de ses meilleurs livres. Autre excellent ouvrage, La Contre-Révolution, qui évoque l'envers, généralement négligé, du grand mouvement et en analyse tour à tour l'inspiration et la stratégie. À côté de ces grands ouvrages, il en écrivit d'autres, plus alertes, sur des sujets moins austères : une Prise de la Bastille (1965), une Vie quotidienne sous le Directoire (1977). Une édition critique des Considérations sur la Révolution de Madame de Staël fut une de ses dernières publications.

Mais Jacques Godechot gardait de la curiosité pour d'autres sujets. C'est peut-être la notion d'une révolution du monde occidental qui fut à l'origine de son Histoire de l'Atlantique (1947). Sa familiarité avec la période révolutionnaire ne fut pas étrangère à l'intérêt qu'il porta toute sa vie à l'histoire du Risorgimento italien.

Il fut aussi un des maîtres d'œuvre de la grande Histoire générale de la presse française, travail monumental qui resta longtemps l'ouvrage de référence pour l'histoire du journal et des journalistes qui firent à l'occasion de la Révolution la première expérience de la liberté et de leur pouvoir. Le hasard de la destinée a voulu que cet historien de la Révolution disparaisse l'année du Bicentenaire, mais l'année était déjà assez avancée pour qu'il ait pu voir la France renouer connaissance avec le grand événement qui avait occupé son esprit et ses recherches.

 

 

 

 

 Jean-Jacques Hatt

 

Jean-Jacques Hatt (1913-1997) est un archéologue, historien français, directeur des Antiquités d'Alsace et conservateur du musée archéologique de Strasbourg. Il appartient à la famille Hatt, une famille de la bourgeoisie protestante strasbourgeoise depuis 1527. Un de ses ancêtres n’est autre que Jérôme Hatt le premier brasseur de ce qui deviendra les brasseries Kronenbourg.. Dès 1927, encore adolescent, Jean-Jacques Hatt participe à ses premières fouilles à Dachstein et à Heiligenberg.

En 1934, il passe sa licence de lettres à la Sorbonne, obtient son diplôme d’études supérieures en 1935 sur « Les rites funéraires chez Homère » et en 1937 une agrégation de grammaire. Il enseigne alors au lycée Kléber tout en commençant des recherches sur la tombe gallo-romaine. Féru de scoutisme et amateur de grand air, il entraîne en 1937 ses étudiants du lycée Kléber dans des excursions à vélo pour visiter les fouilles archéologiques de Dachstein et de Heiligenberg !

Malgré l’interruption des années de guerre pendant lesquelles il enseigne au Lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, il soutient en Sorbonne sa thèse sur la tombe gallo-romaine en 1948. En 1953, il est nommé maître de conférences à l’Université de Strasbourg, puis professeur titulaire en 1958. En 1963, il assume la présidence de l’UER des sciences historiques. Il vit difficilement les événements de mai 1968 et l’occupation de l’université par les étudiants protestataires.

Ses recherches archéologiques sont diverses : fouilles de Gergovie puis d’Aulnat Fouilles en Champagne (notamment 1954-1961), fouilles de Strasbourg et d’Alsace (1947-1968), fouilles du Pègue (1958-1976, 18 campagnes de fouilles).

Conservateur du Musée archéologique de Strasbourg, il en assure la réorganisation et la rénovation. Les fouilles qu’il dirige en Alsace (Strasbourg, Ehl, Sarre-Union, Seltz, Mackwiller, Saverne, Brumath, …) lui permettent également de l’enrichir. Une salle, consacrée à la protohistoire, lui a été dédiée en 1999.

Jean-Jacques Hatt fut pendant de nombreuses années directeur de la Circonscription des Antiquités Historiques d’Alsace et de Moselle. À ce titre, il reconstitua l’histoire ancienne de Strasbourg en appliquant la méthode stratigraphique aux nombreuses fouilles urbaines qu’il eut à superviser (place de la Cathédrale, église Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, rue du Sanglier, rue de l’Ail…).

Jean-Jacques Hatt épouse en 1937 l'artiste-peintre Suzanne Trocmé (1914-2009). Plusieurs des œuvres de Suzanne Trocmé-Hatt sont exposées au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg.

Il est Commandeur de la Légion d’honneur, Commandeur de l'ordre des Arts et Lettres, Commandeur de l’ordre des Palmes académiques.

 

 

 

 

 François Igersheim

 

François Igersheim est né le 12 juillet 1940 à Port Harcourt au Nigeria, où son père, Charles Igersheim, était directeur de comptoir. Après le retour de sa famille en Alsace en 1951, il fit ses études secondaires au collège Saint-étienne et au lycée Kléber de Strasbourg, puis il entra à l’Université de Strasbourg pour préparer une licence d’histoire et de géographie, et une autre en droit. En 1966, il soutint son diplôme d’études supérieures en histoire, consacré à La Social-démocratie dans la vie politique strasbourgeoise (1870-1890), un travail pionnier qui inaugura véritablement l’étude scientifique de la période du Reichsland.

Agrégé d’histoire en 1968, il fut professeur au lycée Koeberlé de Sélestat puis au lycée Kléber de Strasbourg, où il enseigna de 1976 à 1992. À côté de son travail d’enseignant, François Igersheim a mené, de front, une double carrière de syndicaliste et d’historien de l’Alsace. Secrétaire départemental du SGEN-CFDT de 1970 à 1982, il a animé les travaux qui ont abouti à la plateforme pour l’enseignement des langues et cultures régionales en Alsace, publiée en 1978, dont la politique scolaire officielle s’est inspirée par la suite. Désigné par la CFDT pour le Conseil économique et Social d’Alsace (CESA) en 1982, il en a été l’un des vice-présidents de 1984 à 1992. Par ailleurs, il a été membre désigné du Conseil national des langues et cultures régionales de France, réuni en 1986 et 1987.

Malgré son importante activité syndicale et au CESA, François Igersheim n’abandonna pas ses recherches en histoire de l’Alsace. En 1981 parut son premier ouvrage consacré à la période du Reichsland : L’Alsace des notables, 1870-1914, La bourgeoise et le peuple alsacien. En janvier 1992, il soutint devant l’Université des Sciences humaines et sociales de Strasbourg, sa thèse de doctorat : Noblesse, notabilité, suffrage et pouvoirs dans le Bas-Rhin, 1848-1870, à travers la carrière politique de François Zorn de Bulach, maire d’Osthouse, conseiller général du Bas-Rhin, député au corps législatif, publiée dès l’année suivante aux Presses universitaires de Strasbourg sous le titre Politique et administration dans le Bas-Rhin (1848-1870).

La thèse soutenue, ce fut le début de la carrière universitaire. Nommé maître de conférences à l’IUFM d’Alsace et à l’Institut d’Histoire d’Alsace en 1992 puis maître de conférences à l’Institut d’Histoire d’Alsace à partir de 1999, François Igersheim soutint en 2002 son Habilitation à diriger des recherches, intitulée : Alsace illustrée, jardin foudroyé, paysage contemplé, La fabrique des monuments, L’Alsace et ses historiens (1680-1914), parue aux PUS en 2006. À la rentrée 2003, il succède à Bernard Vogler à la chaire d’histoire d’Alsace et comme directeur de l’Institut d’Histoire d’Alsace. Professeur émérite de l’Université de Strasbourg depuis son départ à la retraite en 2008, il poursuit son activité inlassable de chercheur sur de nouveaux thèmes tels que l’Alsace dans la France libre et la réintégration de l’Alsace à la France de 1944 à 1958.

Très préoccupé par la popularisation des études en histoire de l’Alsace, François Igersheim a été vice-président de la Société savante d’Alsace, qui édite les travaux consacrés à l’histoire de l’Alsace. Il a aussi assuré la publication des Chantiers historiques en Alsace de 1998 à 2008, un annuaire qui publiait les résumés des meilleurs mémoires de maîtrise en histoire d’Alsace soutenus à l’Université Marc Bloch de Strasbourg et à l’Université de Haute-Alsace. Il donnait ainsi aux étudiants l’opportunité de publier leur premier article et de diffuser leurs travaux souvent conservés en un exemplaire unique. L’annuaire a ainsi publié près de 200 articles de « jeunes chercheurs en histoire de l’Alsace ».

François Igersheim a très activement contribué aux publications de la Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace. De 2002 à 2012, il a été rédacteur en chef de la Revue d’Alsace. Il a accordé une grande importance aux rapports avec la recherche de l’outre-Rhin, initiant le jumelage de la Revue d’Alsace avec la Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins et se faisant le promoteur d’initiatives de coopération scientifique transfrontalière.   Soucieux de donner une plus grande visibilité à la revue, y compris à l’étranger, et de ne pas rater la révolution de l’édition électronique, François Igersheim a lancé, en 2006, la mise en ligne de la Revue d’Alsace sur le portail revues.org. Enfin, depuis 2010, il anime, avec une commission active, le Dictionnaire Historique des Institutions de l’Alsace.

 

 

 

 

 Fernand L'Huilier

 

Fernand L’Huilier (1905-1997) Universitaire, historien. Études primaires à Chamalières, Puy-de-Dôme, et secondaires à Clermont-Ferrand et au lycée Bartholdi de Colmar (1922-1923). Classes préparatoires à l’École normale supérieure au lycée Louis-le-Grand (1923-1926). Etudes d’histoire et de géographie à la Faculté des Lettres de Strasbourg (1926-1931), où il a suivi en particulier l’enseignement de Marc Bloch, Lucien Febvre et Georges Lefebvre. Après un diplôme d’études supérieures d’histoire moderne sur Le clergé rural d’Ancien Régime d’après le journal de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, sous la direction de L. Febvre, L’H. a été reçu à l’agrégation d’histoire et de géographie en 1931.

Professeur au lycée de Mulhouse (1931-1933), puis au lycée Kléber à Strasbourg (1933-1939). Chargé de l’enseignement de l’histoire et de la géographie aux classes préparatoires à Saint-Cyr repliées à Bayonne et Dax (1939-1940). Professeur au lycée Carnot de Dijon (1940-1941), puis au lycée de Saint-Maur-des-Fossés (1941-1946). De 1945 à 1947, L. a participé à une commission du Ministère des Affaires étrangères qui définissait les lignes du projet français de la future constitution allemande. En décembre 1944, L’H. a fondé, avec Wladimir d’Ormesson, Paul Imbs et quelques autres, un Comité d’études pour les frontières françaises de l’Est et le problème de l’Allemagne occidentale, qui a publié, de janvier 1945 à septembre 1947, le bulletin mensuel d’information, Le Rhin, puis Cahiers du Rhin. En 1947, L’H. a collaboré à l’hebdomadaire Terre d’Alsace, lancé par Alfred Biedermann, avec un programme d’intégration de l’Alsace dans la communauté française sans reniement de sa personnalité et de ses traditions.

Après une thèse de doctorat ès lettres, soutenue en 1945, avec une thèse principale sur l’Alsace, Recherches sur l’Alsace napoléonienne (Strasbourg, 1947), et une thèse secondaire sur le pays de Bade, Études sur le blocus continental, la mise en vigueur des décrets de Trianon et de Fontainebleau dans le grand duché de Bade (Paris, 1951), L’H. a été nommé chargé de cours d’histoire moderne à la Faculté des Lettres de Strasbourg (1946-1947), puis maître de conférences d’histoire contemporaine à la Faculté des Lettres de Dijon (1947- 1958). Nommé à la chaire d’histoire contemporaine à la Faculté des Lettres de Strasbourg (1958-1975), L’H. a donné une impulsion aux recherches sur l’histoire contemporaine de l’Alsace, mais aussi sur l’Allemagne et les relations internationales. L’H. a été directeur du Centre, puis Institut des hautes études européennes (1958-1974), dont il a élargi le recrutement en étudiants, surtout en direction de l’Europe de l’Est. Il a fondé, en mai 1969, l’Association européenne d’histoire contemporaine, avec siège à Strasbourg, qui est devenue en 1980 l’Association internationale d’histoire contemporaine de l’Europe, intégrée au Comité international des sciences historiques (UNESCO). Membre de la Commission pour la publication des documents relatifs aux origines de la guerre de 1939-1945.

 

 

 

 

 Lazare Landau

 

Lazare Landau (1928-2012)

Il est né à Strasbourg en 1928, où ses parents sont arrivés en 1919, venant de Galicie (alors territoire de l’empire austro-hongrois, actuellement en Ukraine). Sa langue maternelle était l’allemand, il n’apprit le français qu’à l’âge de 6 ans. En 1940 Strasbourg est évacuée et il se réfugie à Limoges. Il a 12 ans et c’est le proviseur de son lycée, Joseph Storck qui le sauve de la milice venue l’arrêter en le cachant dans un réduit. Joseph Storck, natif de Guebwiller fut en 1944 Inspecteur d'Académie en Alsace et déclaré "Juste parmi les Nations" à titre posthume.

Docteur ès lettres de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, la thèse de Lazare Landau porte sur Jules Isaac, le célèbre historien auteur des manuels Mallet et Isaac et dont il sera l’exécuteur testamentaire.  Il fut professeur d’histoire-géographie au lycée Kléber et à l’école Aquiba, puis devint professeur à l’Université de Strasbourg où il enseigna l’histoire des religions. C’est un grand spécialiste de l’histoire du judaïsme et des rapports judéo-chrétiens. Il œuvra avec Monseigneur Elchinger à un nouveau regard de l’Eglise catholique sur les juifs, qui se concrétisa au concile de Vatican II. Deux de ses ouvrages témoignent de cette démarche : De l'aversion à l'estime, Juifs et Catholiques en France de 1919 à 1939, Le Centurion, 1980  et La réconciliation judéo-chrétienne, Persée, 2007, ouvrages salués par les plus hautes instances et qui lui valurent d'être promu lauréat de l'Académie française pour l'ensemble de ses travaux.   Lazare landau est mort à Strasbourg en 2012.

 

Il a publié, entre autres :

Le judaïsme du XIIIe au XVIIe siècle, Paris, PUF, 1971.

Chrétiens et Juifs en Basse-Alsace, de Napoléon 1er à Napoléon III (1802-1870), 1987

Jules Isaac, La France et les Juifs (1877-1939), conscience individuelle et destin collectif, Thèse de Lettres, Paris 1, 1976

 

 

 

 

 Georges Livet

 

Georges Livet (1916-2002)

Georges Livet est un historien et professeur d'histoire à Strasbourg. Spécialiste de l’histoire moderne de l’Alsace, il est professeur émérite d'histoire moderne à la Faculté de lettres de l'Université de Strasbourg. Ancien élève de l'École normale supérieure (Saint-Cloud, 1937).

Agrégé d’histoire, il soutient en 1953 une thèse d'État intitulée « L'Intendance d'Alsace sous Louis XIV, 1648-1715 ». 

Professeur d’histoire-géographie au Lycée Kléber, il y prononça le discours d’usage lors de la Remise solennelle des Prix aux élèves du lycée le 12 juillet 1947. Il devient en 1955 professeur titulaire à la faculté des lettres de Strasbourg puis doyen de 1963 à 1969.

 

 

 

 

 

 Christian Lutz-Sorg

 

Christian Lutz-Sorg (1958-2021) était l’ancien chef du service photo des Dernières Nouvelles d’Alsace. Il avait derrière lui quarante années d’une pratique photographique au service du journalisme qui imposait le respect par sa rigueur. Il a été élève au Lycée Kléber et a passé son bac en 1976. Ancien élève du Centre universitaire d’enseignement du journalisme de Strasbourg, entré aux DNA en décembre 1979, Christian Lutz-Sorg avait finalement fait le choix de la photographie plutôt que de la plume. Et pourtant celle-ci se révélait excellente. Bien plus tard, entre 2013 et 2019, il eut tout loisir de réunir ses deux passions, l’écriture et la photographie, au fil d’une chronique qui chaque lundi offrait la relecture d’une image d’un de ses camarades du service Photo des DNA. Le lecteur y découvrait le contexte d’une prise de vue, les coulisses du métier, et surtout comment une image fait sens dans son rapport à un article. « Nous consommons à longueur de journée des images, mais personne ne nous apprend à les lire ! », se désolait-il. Christian Lutz-Sorg a expliqué cette rigueur de l’acte photographique : rien d’autre que la singularité d’un regard qui tient à la fois du travail, de l’expérience et de l’intelligence d’un métier. Autant de points qu’il réunissait en sa personne avec une autorité naturelle que personne ne pouvait lui contester.

Partir en reportage avec lui était un bonheur, une chance aussi, car sa perception du sujet était source d’enrichissement pour le reporter. Les questions du point de vue, de l’angle du papier comme celui de l’image infusaient dans son esprit. Tout cela passé au tamis d’un pur bon sens, d’une véritable passion pour l’actualité qui n’était qu’une façon différente d’exprimer sa curiosité et son intérêt pour les gens. De Sarajevo assiégée aux combattants du Polisario en Mauritanie, du Grand Nord canadien aux murs chargés d’histoire de Jérusalem, de la brigade anticriminalité de Papeete à la route des Droits civiques dans le sud profond des États-Unis, Christian Lutz-Sorg a posé son objectif avec toujours la même envie de dire le monde. Et cette Alsace natale qu’il avait sillonnée en long et en large n’était pas en reste et il portait la même considération à la visite d’un président de la République à Strasbourg qu’à l’élection d’une Miss Alsace.

Christian Lutz-Sorg a laissé une œuvre photographique majeure. Bien plus qu’un photographe de presse, il  était un observateur de l’époque, un témoin. Parce qu’il savait lire une image avant de l’imprimer et qu’il en comprenait d’instinct le sens. Ces dernières années, il avait délaissé les gros appareils encombrants pour un petit Leica M qui l’accompagnait partout. Discret, maniable, il lui permettait de saisir l’instant sur le vif, comme par surprise. L’air de rien, il le collait sur son œil droit et tournait la mollette, appuyait sur le déclic. Sport, vies de quartiers, manifestations, visites de personnalités, grands reportages, sessions parlementaires ou meetings, il a tout au long de quelque quarante années de journalisme documenté son temps. Il a édité un ouvrage : Christian Lutz-Sorg (2000), Strasbourg, Prétexte , 2000.

 

 

 

 

 André Neher

 

André Neher (1914-1988) est né à Obernai dans une communauté juive traditionnelle. Son père, Abraham dit Albert, président de la communauté juive d’Obernai lui transmet une riche culture. A l’école primaire, ses institutrices lui inculquent l’amour de la France et du français. Élevé dans un milieu religieux, il grandit dans le respect des autres croyances : son père lui enseigne très tôt à saluer les curés, les pasteurs car, dit-il, « ce sont des hommes de Dieu ». Sa formation religieuse est assurée par des rabbins formés dans la mouvance de la néo-orthodoxie.  

En 1927, la famille Neher quitte Obernai pour Strasbourg afin de faciliter aux enfants l’accès aux études universitaires.  Conseillé par son père, André s’oriente vers des études d’allemand. En parallèle, il prend des cours de piano. Il est reçu brillamment à la licence d’enseignement d’allemand et, à 22 ans, est nommé professeur de cette matière au collège de Sarrebourg. Il entreprend une thèse sur L’Allemagne dans l’œuvre de Heinrich Heine. Profondément enraciné dans la double tradition française et juive, André Neher poursuit également des études hébraïques, bibliques et talmudiques dans le cadre de la synagogue orthodoxe de la rue Kageneck de Strasbourg puis à la yeshiva Ets Haïm à Montreux. Ainsi s’opère en lui la synthèse de deux univers complémentaires dans le respect de la culture française et de la religion mosaïque.

En septembre 1939, la famille Neher doit évacuer Strasbourg et se replie à Dannemarie. En juin 1940, c’est l’exode : les Neher se réfugient dans le Limousin, à Brive-la-Gaillarde (Corrèze). À la rentrée d’octobre 1940, André Neher est nommé professeur d’allemand au collège de Brive, et très rapidement destitué à la suite de la promulgation par le gouvernement de Vichy du premier statut des Juifs (octobre 1940).

En 1941, la famille Neher quitte Brive pour le village de Lanteuil, situé à 10 km environ de Brive, où elle passera le reste de la guerre cachée dans une sorte de vieux château. Elle donne au lieu le nom biblique de Mahanayim, « La double demeure ». Pour vivre, ils y improvisent un pensionnat où quelques jeunes gens, juifs ou non, viennent préparer leur baccalauréat.

Au cours de cette période de persécution, Andrée Neher se concentre sur l’étude du judaïsme et de la Bible. Il abandonne sa thèse sur Heine, pourtant déjà avancée, et entame ce qui deviendra après la Libération une thèse pour le doctorat d’État sur le prophète Amos.

Le soir de Pessah, le 6 avril 1944, un détachement de la terrible division SS Das Reich, envoyée en Corrèze pour lutter contre les maquis, arrive à Lanteuil. Des SS parlementent avec Albert Neher, le chef de famille. « Sa dignité, son énergie, sa fermeté face aux Allemands sauvèrent sa famille » commente André Neher.

À l’automne 1944, la famille Neher quitte son refuge de Lanteuil pour Lyon. André est réintégré comme professeur d’allemand au lycée Ampère de Lyon et s’investit dans la maison d’enfants de l’OSE, L’Hirondelle, située dans la banlieue de Lyon. Il s’y lie d’une amitié indéfectible avec Élie Wiesel, l’un des enfants recueillis.

En 1946 il est professeur d’allemand au lycée Kléber de Strasbourg en même temps que lui est conférée l’ordination rabbinique. Cette ordination avait pour but de lui permettre de soutenir une thèse de théologie alors qu’il était dépourvu de tout diplôme universitaire autre que sa licence d’allemand, étant entendu qu’il ne postulerait pas à un rabbinat. Il soutient cette thèse de théologie, consacrée au prophète Amos, à l’université de Strasbourg en décembre 1947.

Il conjugue, à partir de la rentrée d’octobre 1948 l’enseignement de l’allemand au lycée Kléber (qu’il abandonne en 1950) avec un poste d’enseignant à la faculté des Lettres de l’université de Strasbourg, dont il gravit les divers échelons jusqu’à devenir en mars 1957 professeur titulaire de la chaire de Littérature post-biblique (chargé d’un cours d’araméen et de littérature allemande en propédeutique jusqu’en 1950, détaché au CNRS de janvier à septembre 1950, chargé d’enseignement puis maître de conférences de littérature juive ancienne et moderne d’octobre 1955 à mars 1957).

La pensée d’André Neher prend totalement en compte les deux événements qui marquèrent les Juifs au XXe siècle : la Shoah et la renaissance de l’État d’Israël. Il œuvre pour la promotion des études hébraïques en France et obtient en 1960 la création de la licence d’hébreu moderne, suivie en 1962 par celle du doctorat. Sur le modèle strasbourgeois, des départements d’hébreu voient le jour à l’INALCO, aux universités de Lille, Nancy, Lyon ainsi qu’après 1968 à Paris VIII et Paris IV. C’est à l’université de Strasbourg qu’il accueille en 1966 l’écrivain israélien Joseph Agnon, qui vient de recevoir le Prix Nobel de littérature.

Il est directeur de l’Institut d’hébreu de l’université de Strasbourg, membre du comité consultatif des universités, du comité français de l’UNESCO, du comité scientifique du Centre national des hautes études juives de Bruxelles, du comité scientifique de l’Union mondiale des études juives à Jérusalem, du comité central de l’Alliance israélite universelle, président du Centre de préparation au professorat d’hébreu, du Centre universitaire d’études juives, de la section française du Congrès juif mondial à partir de 1965 et de la Commission culturelle internationale, entre autres.

Par ailleurs, interlocuteur privilégié du judaïsme avec le monde non juif, il s’investit dans le mouvement animé par Jules Isaac des Amitiés judéo-chrétiennes.

En 1962, avec son épouse, il se dépense sans compter pour accueillir ceux de ses coreligionnaires « rapatriés » d’Afrique du Nord à la suite des accords d’Évian qui se réfugient en Alsace. André Neher reste très attaché à l’existence de l’État d’Israël depuis sa création en 1948, création à laquelle il reconnaît une signification messianique.

Il « fait son aliya » (acte d’immigration en Terre d’Israël) et s’installe avec son épouse à Jérusalem. De 1967 à 1970 il fait la navette entre l’université de Strasbourg et celle de Tel-Aviv. Cette aliya fut ressentie en France, comme en Israël, comme un symbole, après avoir consacré vingt années de sa vie, de 1947 à 1967, à reconstruire et revivifier ce que les nazis avaient tenté de détruire : la communauté, la tradition et la culture juives.

Décédé en octobre 1988, il fut inhumé au cimetière du mont des Oliviers à Jérusalem. La bibliothèque du Centre Rachi, une salle de l’université de Strasbourg, l’institut de formation pédagogique du FSJU, les associations qui portent son nom en France et en Israël continuent de nos jours à perpétuer le message d’André Neher, toujours vivant à travers ses écrits.

 

 

 

 

 Nicolas Stoskopft

 

Nicolas Stoskopf est historien, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université de Haute Alsace de 2006 à 2016. Il était professeur d’histoire-géographie au Lycée Kléber de 1975 à 2000. Il est le petit-fils de Gustave Stoskopf (1869-1944), peintre, dramaturge, une des grandes figures du théâtre en alsacien, membre du cercle de Saint-Léonard et à l’origine de la fondation du Musée Alsacien à Strasbourg et fils de Charles-Gustave Stoskopf (1907-2004), architecte français, Prix de Rome, spécialiste après 1945 de l'architecture de béton et de grands ensembles de barres verticales et horizontales, concepteur de l’opération Esplanade à Strasbourg avec notamment le bâtiment de la faculté de droit en 1962.

Nicolas Stoskopf, lui, est historien, spécialisé de l’histoire bancaire et industrielles aux XIXème et XXème siècles, l’histoire des entreprises et du patronat et l’histoire contemporaine de l’Alsace. Sa bibliographie est abondante : Le Train, une passion alsacienne (1839-2012) (au CDI : cote : A 625.1 STO), 150 ans du CIC (1859-2009), Les Dynasties alsaciennes du XVIIe siècle à nos jours (au CDI : cote : A 330 HAU), Les Patrons du Second Empire.

 

 

 

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